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#146 Bordel 2.0

Aujourd’hui, une nouvelle question me turlupine. Internet, c’est sympa, c’est libre, c’est rapide. On a accès à tout en deux clics, sans bouger son cul et chercher des heures. Bref, le plus grand progrès de cette dernière décennie, qui ne cesse d’évoluer d’ailleurs, et qui finit par tous nous laisser sur le côté. Mais la question du jour concerne le comportement de l’internaute, de vous, de moi, vis à vis du monde qui l’entoure. Non pas que c’était mieux avant, mais on finit quand même par se poser la question. Quelques faits ci-dessous (liste non exhaustive) :

1) Les politiques. Ils twittent et ont leur page fan. On les interpelle, on les tutoie, ils gaffent en direct (suivre les Nadine Morano, les politiques américains qui se montrent en caleçon etc etc). Le respect de la fonction est bel et bien baffoué, et la classe politique prend un sacré coup de vieux, et n’a plus le droit au moindre écart. Les dernières présidentielles en sont devenues vomitives, à base de coup bas des différents militants, qui font d’une anecdocte un Putch et le relaient 24h/24 jusqu’à épuisement total des internautes.

2)Ce point découle directement du premier : les informations. Un enfant pète au fin fond de la Chine, le monde entier sera au courant dans la seconde. On trouvera même les images et des vidéos, sous-titrées dans 150 langues. Plus le temps de respirer, tout est dit, tout le temps, tout de suite. On ingurgite les informations à s’en faire péter le cerveau, avec une grande difficulté à différencier l’importance mais surtout la véracité de ces dernières. Tout prend des proportions dramatiques.

3) Les marques. Grande mode de ces dernières années, face au succès de facebook (récemment introduit en bourse) les marques se sont senties obligées d’innonder la toile, pour continuer à toucher le consommateur. Saut que maintenant on parle de fan et plus de consommateurs. Si je bois du Coca-Cola, c’est que je suis FANNNNN, je peux pas juste aprécier un coca de temps en temps. La course aux fans est lancée, et même de nouveaux métiers ont été crées pour cela : les fameux CM (ou community manager). Tout ça vous le savez. Mais le revers de la médaille, c’est quand on lit sur twitter  les réflexions des internautes, qui parlent aux marques comme à leur chien. Et encore, pauvre chien.

La nouvelle proximité créée entre les marques et leurs clients est devenue un vrai bordel médiatique. On insulte les services clients sur la place publique, tout le monde y a de son avis et de sa remarque. Et dès qu’on commence à être un peu influent (à savoir un nombre de followers conséquents), on exerce une pression sur celles-ci plutôt énorme. Les informations circulent tellement vite (voir point 2) qu’un bad tweet peut vous coûter très cher. Et faut voir les bad tweets… Ca se résume souvent à « je suis très déçue de la marque X » à cause d’ une réponse à un mail qui se fait désirer. Bah oui, internet, c’est 24h/24, 7j/7. Donc les gens qui travaillent pour ces marques n’ont pas le droit de dormir. J’ai quelques exemples autour de moi, d’amis qui reçoivent des mails d’hystériques à 3H du matin, s’étonnant de ne pas avoir de réponse dans les 2 minutes… Allo cocotte, il est 3H du mat’ ! Have a life !

J’ai encore des centaines d’exemples, mais je n’ai pas envie de vous pondre un roman. Que pensez-vous déjà de ces points-là ?

Personnellement, j’ai un peu l’impression qu’on frôle une overdose généralisée. On voit de plus en plus de livres, de blogs voire même d’émissions de TV qui commencent à dire aux gens : sortez de chez vous, renouez un lien social, coupez internet quelques heures, déconnectez-vous.

N’est-ce pas le nouveau mal qui nous guette ? Qui peut aujourd’hui affirmer qu’il ne sera pas en panique de passer une semaine sans téléphone avec accès wifi ou 3g ? Avouez 😉

L’expression  : « il vaut mieux tourner sa langue 7 fois dans sa bouche » n’a jamais eu autant de sens que sur les réseaux sociaux. Un pet de travers, et vous voici blacklisté. Ce fameux quart d’heure de célébrité dont parlait Andy Warhol est devenue un vrai lead aujourd’hui dans la tête de beaucoup d’entre nous. Avoir l’info avant tout le monde, buzzer, (quitte à bad buzzer), juste pour exister quelques minutes, avant de tomber dans l’oubli. Triste monde tragique non ? Mais qui n’est pas prêt de s’arrêter… Affaire à suivre.

Victoire

(oui bien sûr,il y a des milliards de bonnes raisons d’apprécier internet, je ne suis pas une mégère aigrie qui veut revenir au temps des cavernes 😉 )

17 Commentaires

  1. Je suis d’accord avec toi mais sans Internet on s’ennuierait un peu beaucoup quand même, même si je ne suis pas contre une semaine tranquille. Et puis sans Internet on ne pourrait pas lire tes super posts 😉

  2. Un Blog, Une Fille

    J’aime tes articles qui nous remettent toujours en question… Pour ma part je ne me considère pas comme une droguée d’internet car même si je bloggue et passe beaucoup de temps sur internet je l’avoue. J’ai toujours envie de partir en vacances loin de toute connection…. Je ne dirais pas la même chose de l’homme qui à peine réveillé check ses mails, ses sites de jeux online, etc… Et qui lorsqu’il n’est pas sur le pc se trouve à checker tout ça sur son iphone… même à table. Et oui là je pète mon câble de temps en temps parce que c’est lourd!!

    je rêve de vacances loin de tout ça…

    • haha, je comprends tellement 😉 Je suis moi aussi une vraie geekette, mais je commence à me sentir un peu dépassée par toutes ces connections, je trouve que l’on perd énormément en simplicité, en relations humaines, en tranquillité aussi finalement.
      Hier, j’étais morte de rire en lisant les tweets à propos du Keynote Apple (donc oui je suis bien une geekette). Certaines personnes commentaient :
      « super toutes ces innovations concernant Siri et Facetime, que personne n’utilise, mais tout le monde crie au génie »
      Ca résume bien, le monde va trop vite, et on est sans arrêt dans l’effet d’annonce, dans la prouesse techno, et on ne sait même pas utiliser ou trouver un bénéfice avec ce qu’on a. Bref 😉
      Bonne journée !

  3. Et que dire du Magnotta qui se filme en train de dépecer un être humain et de tous les gens qui l’ont non seulement vu mais publié sur leurs blogs?!!! La dérive aujourd’hui va bien plus loin que de simples insultes sur une marque, la protection de l’écran rend les choses de moins en moins réelles et les gens se permettent tout sous prétexte que pendant un moment on va parler d’eux. Internet et plus généralement les réseaux sociaux ont permis une mise en avant de soi à l’extrême et tous les effets pervers qui vont avec… Mais bon heureusement ça reste encore des extrêmes en espérant que ça ne devienne pas la normalité!
    Je ne pense pas que se déconnecter soit la solution mais être une geekette nethique comme on s’y efforce chaque jour c’est déjà un pas dans la bonne direction !

  4. Les marques ont parfois du mal à comprendre comment intéresser les « fans facebook » ou les followers et quand on travaille dans ce milieu, ce n’est pas tjrs facile de leur expliquer d’ailleurs. Meme si je passe pas mal de temps sur internet je sais aussi m’en passer très facilement. J’ai un smartphone mais ne m’en sers qu’en téléphone donc bon voilà! 🙂 C’est important de savoir se déconnecter de temps en temps, jouer au scrabble, faire de la rando et parler aux gens physiques aussi 🙂

  5. Bravo pour cet article 🙂
    Il résume bien ma pensée du moment. Moi qui ai un blog littéraire pour le fun (et non pour avoir à tout prix des livres gratuits en SP), parfois je culpabilise à ne pas poster comme tout le monde, tous les deux jours… Je poste seulement quand j’ai fini un livre, quand j’en ai envie… quand ça me chante quoi ! Au rythme de ma vraie vie ! Et je trouve que ce genre de valeur manque cruellement de nos jours…

  6. Pieussergues

    Certaines études tendent à prouver que c’est effectivement le nouveau mal de ce siècle. On le sait, tous les abus sont négatifs. Le tout est de savoir prendre de la distance. Je trouve que les gens ne prennent pas assez de distance. Étant centrés sur eux-même, ils engendrent ces phénomènes et obtiennent le revers de la médaille. Un médaille 2.0 dans ce cas
    !

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